18 Juin 2012-Soissons
Mémoriel de René Verquin (Historien soissonnais)
A compter de ce jour, on va pouvoir honorer à Soissons en un seul lieu, devant cette stèle, les hommes et femmes originaires de notre région, de tous milieux et de tous âges qui, de 1940 à 1945, ont réagi, sur place ou ailleurs, contre l’armée allemande national-socialiste, contre ses alliés et autres comparses.
Ce monument n’est ni un constat ni une conclusion, mais une porte ouverte aux historiens pour enrichir l’épopée de l’armée des ombres des résistants soissonnais connus et inconnus.
A l’heure où s’éteignent lentement les survivants de cette époque, c’est le moment d’y inclure, ce que peuvent révéler les souvenirs pieusement gardés par les familles et les archives inexploitées.
Les statistiques seront retracées, les oublis comblés, les erreurs redressées, sans esprit de révisionnisme ou négationnisme.
Par cette stèle on veut honorer tous les résistants de notre région, y compris les mal connus et parfois écartés des commémorations.
Sans vouloir ici établir une définition du résistant soissonnais, on peut octroyer ou récuser cette qualité de résistants à d’autres catégories de patriotes, dont voici quelques exemples :
Ceux qui ont fui la France, au péril de leur vie, pour combattre comme FFL, français libres, avec les armées alliées, qui en sont morts, tels Louis Delanchy à 17 ans.
Ceux, autres FFL, qui en sont revenus, tels Robert La Rochefoucauld nonagénaire disparu récemment, ou René Lemoine qui témoigne encore dans les médias.
Ceux admis comme FFL bien que restés en zone occupée, tels Daniel Chapelet ou le groupe Vélites thermopyles.
Ces citoyens locaux qui intervinrent pour sauver des proscrits juifs ou non, ou des hors-la-loi politiques.
Ces bretons d’origine qui sacrifièrent leur vie pour éviter que la gare de Soissons ne devienne un cimetière sanglant pour des dizaines de déportés, en transit vers les camps.
Ceux qui se mirent au service des libérateurs pour les dernières heures de l’Occupation, enthousiastes jusqu’à braver la mort.
Ces enrôlés du 67ème Régiment d’Infanterie du capitaine résistant Lepape, qui s’exposèrent à Saint-Nazaire jusqu’en mai 1945.
A ces diverses implications s’ajoutent l’acte unique ou occasionnel, l’acte de révolte ou de provocation, le geste généreux sans attente de retour et souvent au mépris des risques.
Combien sont morts avant d’avoir compris pourquoi, arrêtés pour des motifs aberrants, souvent sur dénonciation, avant d’avoir eu le temps de découvrir les horreurs de l’hitlérisme, tel Jacques Maître qui se livra pour protéger ses amis et en mourut, déporté, à 17 ans.
C’est ainsi que le secrétaire de mairie, Aimé Dufour, fut jugé pour avoir fourni une seule fausse carte d’alimentation, mais fournie au traître infiltré dans son réseau pour le dénoncer. Le tribunal, négligeant les innombrables autres cartes qu’il avait distribuées, l’envoya dans les camps dont il n’est pas revenu.
S’est-il plaint ou révolté ? Loin d’attiser la haine envers ses juges, ses derniers écrits témoignent de sa noblesse d’âme, de résignation, calligraphiés en prison, entre les lignes d’un recueil de prières.
A peine de Gaulle avait-il initié les bases d’une France Libre à Londres et d’une Résistance en France, que des soissonnais s’étaient impliqués dans la diffusion de tracts antiallemands, rédigés par un réseau parisien, dont l’un se terminait par ce cri patriotique, incongru aujourd’hui « Vive Pétain, vive de Gaulle, vive la France ».
Des soissonnais sont morts pour cette étrange littérature de révolte. Ils n’auraient sans doute pas gardé cette même sérénité et la même conception de la France, s’ils avaient survécu assez pour connaître le panel complet de la perversité hitlérienne.
Mais, cette stèle est plantée là, pour nous rappeler que nous devons respecter ces motivations telles quelles et que leur épopée de résistants leur appartient intégralement.
La tension des français contre l’occupant, contre les autorités françaises, contre les Alliés, et même contre De Gaulle, a évolué avec la connaissance des drames de Mers-el-Kébir, des rafles anti-juives, des crimes d’Oradour ou de Tavaux, du combat de Bir-Hakeim, de la rupture du pacte germano-soviétique, de l’invasion de la zone libre, etc.
Cette tension amena progressivement les résistants à pratiquer attentats et sabotages jusqu’à la lutte armée pour la Libération, malgré le durcissement de la répression.
Un état des sabotages et attentats a été établi, peu à peu complété par les missions brèves, uniques, sans gloire, les actions ratées ou avortées par prudence et pourtant courageuses sinon héroïques.
Avec le récit décrivant comment groupes et réseaux se sont créés et renforcés, sont disparus et réapparus, se sont concurrencés et même affrontés.
En final, le but fut atteint, la Liberté, en renvoyant l’Occupant chez lui, en restaurant un pouvoir républicain, en cultivant avec de Gaulle une certaine idée de la France.
La présente stèle est dressée pour ne pas oublier que nous devons la Liberté à ces résistants soissonnais connus et inconnus.
A compter de ce jour, on va pouvoir honorer à Soissons en un seul lieu, devant cette stèle, les hommes et femmes originaires de notre région, de tous milieux et de tous âges qui, de 1940 à 1945, ont réagi, sur place ou ailleurs, contre l’armée allemande national-socialiste, contre ses alliés et autres comparses.
Ce monument n’est ni un constat ni une conclusion, mais une porte ouverte aux historiens pour enrichir l’épopée de l’armée des ombres des résistants soissonnais connus et inconnus.
A l’heure où s’éteignent lentement les survivants de cette époque, c’est le moment d’y inclure, ce que peuvent révéler les souvenirs pieusement gardés par les familles et les archives inexploitées.
Les statistiques seront retracées, les oublis comblés, les erreurs redressées, sans esprit de révisionnisme ou négationnisme.
Par cette stèle on veut honorer tous les résistants de notre région, y compris les mal connus et parfois écartés des commémorations.
Sans vouloir ici établir une définition du résistant soissonnais, on peut octroyer ou récuser cette qualité de résistants à d’autres catégories de patriotes, dont voici quelques exemples :
Ceux qui ont fui la France, au péril de leur vie, pour combattre comme FFL, français libres, avec les armées alliées, qui en sont morts, tels Louis Delanchy à 17 ans.
Ceux, autres FFL, qui en sont revenus, tels Robert La Rochefoucauld nonagénaire disparu récemment, ou René Lemoine qui témoigne encore dans les médias.
Ceux admis comme FFL bien que restés en zone occupée, tels Daniel Chapelet ou le groupe Vélites thermopyles.
Ces citoyens locaux qui intervinrent pour sauver des proscrits juifs ou non, ou des hors-la-loi politiques.
Ces bretons d’origine qui sacrifièrent leur vie pour éviter que la gare de Soissons ne devienne un cimetière sanglant pour des dizaines de déportés, en transit vers les camps.
Ceux qui se mirent au service des libérateurs pour les dernières heures de l’Occupation, enthousiastes jusqu’à braver la mort.
Ces enrôlés du 67ème Régiment d’Infanterie du capitaine résistant Lepape, qui s’exposèrent à Saint-Nazaire jusqu’en mai 1945.
A ces diverses implications s’ajoutent l’acte unique ou occasionnel, l’acte de révolte ou de provocation, le geste généreux sans attente de retour et souvent au mépris des risques.
Combien sont morts avant d’avoir compris pourquoi, arrêtés pour des motifs aberrants, souvent sur dénonciation, avant d’avoir eu le temps de découvrir les horreurs de l’hitlérisme, tel Jacques Maître qui se livra pour protéger ses amis et en mourut, déporté, à 17 ans.
C’est ainsi que le secrétaire de mairie, Aimé Dufour, fut jugé pour avoir fourni une seule fausse carte d’alimentation, mais fournie au traître infiltré dans son réseau pour le dénoncer. Le tribunal, négligeant les innombrables autres cartes qu’il avait distribuées, l’envoya dans les camps dont il n’est pas revenu.
S’est-il plaint ou révolté ? Loin d’attiser la haine envers ses juges, ses derniers écrits témoignent de sa noblesse d’âme, de résignation, calligraphiés en prison, entre les lignes d’un recueil de prières.
A peine de Gaulle avait-il initié les bases d’une France Libre à Londres et d’une Résistance en France, que des soissonnais s’étaient impliqués dans la diffusion de tracts antiallemands, rédigés par un réseau parisien, dont l’un se terminait par ce cri patriotique, incongru aujourd’hui « Vive Pétain, vive de Gaulle, vive la France ».
Des soissonnais sont morts pour cette étrange littérature de révolte. Ils n’auraient sans doute pas gardé cette même sérénité et la même conception de la France, s’ils avaient survécu assez pour connaître le panel complet de la perversité hitlérienne.
Mais, cette stèle est plantée là, pour nous rappeler que nous devons respecter ces motivations telles quelles et que leur épopée de résistants leur appartient intégralement.
La tension des français contre l’occupant, contre les autorités françaises, contre les Alliés, et même contre De Gaulle, a évolué avec la connaissance des drames de Mers-el-Kébir, des rafles anti-juives, des crimes d’Oradour ou de Tavaux, du combat de Bir-Hakeim, de la rupture du pacte germano-soviétique, de l’invasion de la zone libre, etc.
Cette tension amena progressivement les résistants à pratiquer attentats et sabotages jusqu’à la lutte armée pour la Libération, malgré le durcissement de la répression.
Un état des sabotages et attentats a été établi, peu à peu complété par les missions brèves, uniques, sans gloire, les actions ratées ou avortées par prudence et pourtant courageuses sinon héroïques.
Avec le récit décrivant comment groupes et réseaux se sont créés et renforcés, sont disparus et réapparus, se sont concurrencés et même affrontés.
En final, le but fut atteint, la Liberté, en renvoyant l’Occupant chez lui, en restaurant un pouvoir républicain, en cultivant avec de Gaulle une certaine idée de la France.
La présente stèle est dressée pour ne pas oublier que nous devons la Liberté à ces résistants soissonnais connus et inconnus.